Paru dans le JDJ du 14.7.2018

Après douze mois le maire comprend enfin Moutier

Lors de son interview publiée le 16 juin, le maire Winistoerfer admet que c’est une question culturelle qui divise la population de la cité prévôtoise. Issu d’une famille immigrée soleuroise, à l’instar d’une autre famille très active dans la politique de la ville, il reconnaît le manque d’intégration d’une partie des nouveaux arrivants qui se sont installés à Moutier depuis près d’un siècle. Ils y étaient venus pour le travail que leur pays de provenance n’était pas en mesure de leur offrir. Outre de Soleure, ces familles provenaient des districts du nord du Jura bernois et d’autres régions. Ce glissement de main-d’œuvre des cantons conservateurs vers les régions protestantes se produisit à bien des endroits en Suisse. Mais ce n’est que chez nous que l’intégration ne s’est pas réalisée.

A début tout se passait sans heurts. Les nouveaux venus s’intégraient à la population indigène dont le tempérament était tout en retenue dans la bonne tradition protestante. Sa modestie ne l’empêchait pas de gérer ses affaires habilement, en veillant à conserver la plus grande autonomie possible par rapport au pouvoir cantonal.

C’est la frustration du parti catholique conservateur qui, dans ce grand canton de Berne protestant, généra une réaction identitaire différente de celle des gens du cru. Ce fut le point de départ de l’affirmation d’une culture divergente. Le militantisme propre à ce parti favorisa l’éclosion du nationalisme séparatiste jurassien en terre protestante. Cette doctrine s’opposait à la sensibilité et à l’esprit d’ouverture des gens de la Prévôté. Ceux-ci, tournés essentiellement vers le Plateau suisse, étaient habitués depuis des siècles à côtoyer leurs compatriotes germanophones. Ils vivaient en harmonie avec eux. Pour mémoire rappelons que l’ancienne principauté incluait Bienne, Perles et Longeau.

C’est donc sous ce fallacieux prétexte que les immigrés ont tenté d’imposer à la ville leurs inspirations en complète contradiction avec les traditions et les mœurs des gens de la Prévôté. Leur doctrine aux relents racistes prétendait à l’unicité linguistique de la région. Or cette dernière a toujours été fondamentalement romande. Elle était par nature tolérante envers les alémaniques. Ce fut la rupture des nouveaux venus d’avec population indigène. La ville subit alors des tentatives d’acculturation par submersion. Le vol du monument rappelant les liens séculaires de la ville avec Berne relève de cette politique. C’est une manœuvre d’étouffement de la culture d’un pays à l’image de ce qu’ont tenté les Djihadistes en Irak.

Le fanatisme séparatiste a créé un fossé entre des gens qui vivaient en harmonie dans le respect de leurs différences. Il tend à couper la ville de ses racines dans toutes les acceptions du terme. Mais Moutier ne peut être déplacé au-delà de la Roche St-Jean. En conclusion, il faut reconnaître que le changement demandé à sa population est en entière contradiction avec sa vraie nature. C’est là l’origine de la division de sa population et toute la dialectique séparatiste ne comblera pas ce fossé culturel.

Pierre-Alain Némitz, Bévilard

Via son compte Facebook, "Moutier ville jurassienne" a enrichi le bêtisier séparatiste.

14 juillet 2018