Rathaus 7 juin 2018

APPEL LANCE LE 7 JUIN 2018 AU RATHAUS A BERNE

Discours prononcé en présence des Conseillers d'Etat, des Députés au Grand Conseil et des représentants de la presse

Merci de nous accueillir chez vous dans ce cadre admirable. Il n’est pas seulement beau, il représente des choses dont nous sommes privés à Moutier. Ici, on ressent le respect de l’Histoire, du citoyen, de la démocratie. Nous sommes loin de la chape de plomb et du climat politique délétère qui pèsent sur la vie quotidienne et sur ce qui reste de démocratie à Moutier.

Nous sommes venus vous en parler. La réalité de ce que subit une grosse moitié de notre population ne ressemble pas à ce que vous pouvez lire et entendre la plupart du temps. Les comptes-rendus des médias sont généralement sincères, mais trop souvent influencés par les apparences, par l’immédiat et même par une propagande séparatiste éhontée. Par exemple : Parmi les milliers de séparatistes jurassiens qui avaient envahi Moutier le 18 juin 2017, il n’y avait que quelques centaines de Prévôtois. Un bel exemple de trompe-l’œil ! Notre association Moutier-Résiste s’est constituée en janvier de cette année, dans le but de représenter la moitié antiséparatiste de la population, de la défendre, de lui permettre de s’exprimer malgré les manœuvres et les intimidations de nos adversaires, et de lui permettre de continuer à croire en ses valeurs et en sa force.

Nos adversaires sont sur plusieurs fronts. Sur place, nous avons affaire à des militants agressifs et sans scrupules. Ils ont la mainmise sur toute la vie politique et sociale. Majoritaires dans toutes les autorités de la commune, ils usent et abusent de leur position. Ils dominent sans partage non seulement dans les activités sociales, mais aussi dans la vie politique. Les effets délétères sont nombreux. En l’absence de contrepoids, les séparatistes se permettent tout et n’importe quoi. Ils ne se soucient pas des intérêts de la ville et de sa population. Leur seul objectif est purement idéologique : l’annexion de Moutier au canton du Jura. Cette obsession a détruit l’âme de notre ville, divisée en deux camps irréconciliables. Elle va également la mener au bord de la faillite, malgré les avertissements de citoyens lucides qui ont le tort de ne pas être séparatistes.

Tous les pouvoirs municipaux sont donc entre des mains séparatistes. Un tel pouvoir, sans garde-fou, provoque un profond déficit de démocratie. Il permet que s’installent le népotisme, le copinage et le clientélisme. Les fonctionnaires sont nommés par les autorités municipales et sont donc séparatistes. L’opposition est désarmée contre l’arbitraire et les abus. On parle même de « république bananière ». La majorité parle de « réconciliation » mais multiplie les provocations. La « fête » des Béliers, la célébration prochaine du vote du 18 juin 2017 (sous l’appellation hypocrite de « Fête de la liberté » !) et le drapeau jurassien sur l’Hôtel de ville (qui évoque le chapeau de Gessler), sont tout sauf des gestes de réconciliation !

Le 18 juin 2017, cette situation a joué en faveur du séparatisme. D’abord, la majorité municipale s’est servie de sa position pour participer à la campagne avec les partisans de l’annexion au Jura. Ensuite, elle a été chargée de l’organisation du scrutin. Une telle décision est incompréhensible et inacceptable. A elle seule, elle justifierait l’invalidation du scrutin.

Pourquoi cette majorité séparatiste ? Demanderez-vous. Les causes sont multiples. Il y a l’évolution démographique due à l’immigration économique venue du canton du Jura et, aussi, d’autres cantons. Il y a les différences culturelles entre ces nouveaux venus et les indigènes, plus réservés. Ce qui pose une grave question : des nouveaux venus ont-ils le droit de modifier les frontières et de soumettre leur lieu d’accueil au pouvoir de leur lieu d’origine ? Admettre cela, ce serait contester l’intégrité territoriale de tous les cantons et menacer la paix confédérale.

Pour cela déjà, nous rejetons le projet idéologique et identitaire de l’annexion de Moutier au canton du Jura. Mais nous avons bien d’autres motifs.

Pendant la campagne, le gouvernement jurassien s’est ingéré plus d’une fois dans les affaires de Moutier, du Jura bernois et du canton de Berne. Il a fait pression sur la Confédération. Plus grave, par son double langage, il a faussé les négociations tripartites en se jouant de ses interlocuteurs. Il s’était engagé avec eux à ce que ce vote mette fin à la Question jurassienne. Non seulement le but n’est pas atteint, mais en changeant de canton, Moutier deviendrait une tête de pont pour la conquête du reste du Jura bernois. Les articles annexionnistes 138 et 139 subsistent toujours dans la constitution jurassienne.

Les appels à continuer la lutte se répètent meeting après manifestation. Le canton de Berne perdrait Moutier sans gagner la paix.

Le scrutin du 18 juin 2017 a été un déraillement historique. Rien dans l’Histoire ne le justifiait. Si Moutier, la Prévôté et le sud de l’ancien évêché de Bâle font partie du canton de Berne depuis 1815, c’est parce qu’ils l’ont voulu. Ce n’était pas une exigence bernoise, c’était leur choix. Ce choix a été confirmé chaque fois que la question a été posée. Sauf une fois, le 18 juin 2017, avec un écart minime, contestable et contesté. Après chaque défaite, les séparatistes ont appelé à continuer le combat. Aujourd’hui, ils veulent que le combat cesse à Moutier tout en le poursuivant ailleurs dans le Jura bernois. Ils essaient même de nous priver de la parole. Une conseillère de ville séparatiste a demandé que le gouvernement bernois nous fasse taire ! De sa part, c’est un bel aveu d’impuissance.

Les raisons de résister au totalitarisme séparatiste ne manquent pas. La plus importante est l’avenir de Moutier. Sous le régime jurassien, il serait plus que compromis. Ce qui serait perdu et détruit ne serait pas remplacé, les promesses jurassiennes n’engageant que ceux qui y croiraient. Le canton du Jura n’en aurait d’ailleurs pas les moyens.

L’absurdité du rattachement de Moutier au Jura ressort déjà de la géographie. C’est surréaliste. Arrachée à son histoire et à sa région, elle y deviendrait enclavée. L’aberration séparatiste va jusqu’à prétendre installer des administrations centrales dans une enclave totalement excentrée ! Nous ne laisserons pas faire. Croyez-nous, nous sommes bien décidés à résister quoiqu’il arrive !

Nous sommes venus pour vous informer et vous faire connaître notre situation, notre point de vue et notre détermination. Rien n’est encore joué. Nous ne parlons pas des recours, parce qu’ils sont pendants et parce que nous n’en sommes pas les auteurs. Non, ce que nous attendons de vous, c’est d’être reconnus, compris et soutenus. Nous avons besoin de vous tous, membres du gouvernement, députés, citoyens bernois. Nous vous parlons de citoyens à concitoyens. Rappelez-vous que le processus n’est pas achevé. Il faudra peut-être confirmer le vote communaliste par un vote populaire cantonal. En disant « non, nein, no », la catastrophe qui nous menace serait évitée. Nous demandons à nos Conseillers d’Etat d’assumer les tâches que leur attribue la constitution bernoise. Il s’agit de préserver l’intégrité territoriale du canton et de protéger les droits de tous ses citoyens contre l’injustice et l’arbitraire. Nous le demandons parce que nous en avons le besoin et le droit.​

Merci d’avance pour votre aide et votre soutien et, déjà, pour votre accueil et votre écoute.

Vive Moutier-Résiste !

Document distribué aux personnes présentes au Rathaus et envoyé, en deux langues, à toutes les communes du canton de Berne:

Appel Moutier-Résiste.jpg Pourquoi sommes-nous légitime.jpg Pour sommes-nous légitimes partie 2.jpg

Le Quotidien Jurassien du 8.06.2018

Moutier-Résiste veut mobiliser l'ensemble du peuple bernois.jpg Un courrier de Moutier-Résiste à toutes les communes bernoises.jpg

7 juin 2018