Autres articles
Il ne faut pas abandonner Moutier
A lire les déclarations des candidats aux élections cantonales j’ai le sentiment que notre histoire récente est mal comprise par la génération qui se porte aux affaires. Après les plébiscites de 1975 tout était clair, un canton était né aux confins nord du Jura helvétique. La frontière instituée correspondait exactement à la délimitation des mentalités entre le nord et le sud. Mais cela à peine concrétisé, les partis politiques ont renvoyé au vestiaire les mouvements de lutte qui avaient tenu en échec les nationalistes du RJ.
Déjà handicapé par sa topographie, le pays peina à renforcer les liens entre ses vallées. Les institutions créées dans l’élan des plébiscites et qui devaient donner à notre région sa cohérence et son unité ont été vite abandonnées, sous les encouragements des séparatistes. Les succès des mouvements de lutte ont été galvaudés. Les projets communs qui en étaient issus ont été abandonnés au profit de quelques intérêts locaux. C’est ce qui a permis aux séparatistes de poursuivre le noyautage de Moutier.
Aujourd’hui le Conseil du Jura bernois porte tous nos espoirs. Il devra faire œuvre de pionnier pour renforcer notre communauté d’intérêt, entité romande dans le canton de Berne. Pour cela il faut élire des représentants ayant foi en l’avenir de notre région. C’est pourquoi nous devons écarter tous ceux qui considèrent l’institution comme une coquille vide. Ceux-là ne veulent s’y introduisent que pour contrecarrer nos projets.
Les partis traditionnels doivent cesser leurs invectives et serrer les rangs. Toutes les tendances de l’échiquier politique doivent être regroupées en un mouvement parlant d’une seule voix au sein du Grand Conseil et au CJB. Les séparatistes profiteront de toutes nos divergences pour semer le trouble dans les esprits. Pour l’éviter, le Jura bernois doit voter massivement afin de leur fermer la porte de nos parlements.
Et surtout, la région doit s’opposer au départ de la ville de Moutier. La victoire séparatiste n’y a été obtenue que par tricherie. Qu’on se le dise, qu’on le hurle à la face du pays entier. Que ceux qui ont déjà engagé le partage des services de notre chef-lieu cessent d’inciter la région à la résignation. Le vote de Moutier doit être cassé. C’est cette conviction qui doit animer nos députés. Dans l’immédiat, pour s’opposer à cette forfaiture aux conséquences dramatiques, il faut impérativement soutenir les candidats antiséparatistes qui vivent à Moutier ou à proximité.
N’oublions pas que la mutilation de la Prévôté ferait de Moutier un protectorat jurassien enclavé dans notre territoire. Cela serait la base idéale au lancement de la 3e Question jurassienne. Les séparatistes sont déjà à l’œuvre dans les villages voisins.
Les frontières d’avec le Jura de 1975 sont et seront les seules garantes d’une coexistence pacifique entre nos deux cantons. C’est le dernier moment pour contrer les annexionnistes et préserver la cohésion du Jura bernois.
Pierre-Alain Némitz, Bévilard
1 janvier 1970