Rumeurs, intuitions, soupçons et contrevérités
Les séparatistes de Moutier claironnent que gouvernement et parlement jurassiens se sont engagés à prélever 170 places de travail administratif dans les communes de leur canton pour en faire «cadeau» à Moutier, si jamais notre ville se laissait annexer. Pour que miroite le mirage du «futur étincelant» (sic) promis par le maire Winistoerfer en janvier 2017, les mêmes séparatistes imputent aux autorités bernoises l’intention de délaisser Moutier. Une «politique de la terre brûlée» (sic) serait même en cours. A les lire, il semblerait qu’il n’y subsisterait que bureaux abandonnés, guichets désertés, hôpital sans lit ni personnel, classes vides, routes défoncées livrées à l’insécurité faute de policiers. Ce cauchemar bien sûr totalement imaginaire, répondrait toutefois, involontairement sans doute, au vœu d’un certain porte-parole du mouvement annexionniste «Moutier ville jurassienne» : il exigeait de «ne rien laisser aux Bernois». Qui donc en appelle à la «terre brûlée».
Rétablissons les faits. D’abord, les engagements jurassiens. Venant de politiciens sous contrainte financière et aux fortes attaches locales, de tels engagements n’obligeraient jamais que ceux qui y croiraient. Ils y a déjà eu des désengagements au profit de l’ogre delémontain (le tribunal des mineurs). Ensuite, 170 places ne seraient, au mieux, qu’une compensation. Moutier n’y gagnerait rien.
Les places administratives perdues ne sont que la pointe de l’iceberg. Il n’est question ni de l’hôpital (qui serait à coup sûr privé de soins aigus et d’un service d’urgence), ni des écoles, soit des centaines d’emplois que le Jura ne pourrait se payer et qui ne seront donc jamais compensés.
Faute d’un avenir jurassien attractif et pérenne, les séparatistes se sont lancés dans une stratégie qu’ils maîtrisent : l’accusation mensongère et la duperie. Ils font état de «soupçons», d’ «intuitions», de «rumeurs» quant à un prétendu désengagement du canton de Berne. Des tâches rétribuées et des mandats cantonaux confiés à la ville seraient retirés, comme pour les services sociaux, de la jeunesse, la police cantonale : contrevérité venue du conseil municipal! Contrevérité aussi, le renoncement de soutien bernois à des manifestations et des chantiers d’importance.
Les séparatistes laissent entendre que l’Ecole de Maturité spécialisée (EMsp), filière du gymnase de Bienne préparant aux formations de la santé, de la pédagogie et du travail social, pourrait quitter la localité suite à une réorganisation du gymnase. En vérité, il n’en est rien! Ce serait bien sûr différent si Moutier quittait le canton de Berne.
La réorganisation interne de l’Intendance des impôts n’implique pour Moutier ni réduction de postes, ni diminution des prestations.
Des réaménagements mineurs réalisés dans une perspective d’optimisation régionale sont instrumentalisés par les séparatistes: les ORP du Jura bernois regroupés à Tavannes (deux places concernées à Moutier); le Service universitaire de psychiatrie (UPD) a retiré deux pédopsychiatres présents ponctuellement, en raison d’un manque de médecins, mais des prestations sont assurées en ville; des filières de la CEFF peuvent être déplacées d’un site à un autre; elles ne seraient menacées qu’en cas de changement de canton.
La propagande séparatiste fait évidemment l’impasse sur l’apport de Berne pour Moutier, en plus des investissements, des frais d’entretien, de structure et directs (salaires, notamment). Le Forum de l’Arc serait en faillite sans un important abandon de créance du canton. L’hôpital et ses 300 emplois n’existeraient plus sans les efforts, y compris financiers, du canton; et ce contre l’acharnement du gouvernement jurassien à entraver son sauvetage. Ajoutons que des projets (comme une chaîne de soins complète pour adolescents), en collaboration avec l’ensemble des communes du Jura bernois, ont aussi le soutien du canton et du Conseil du Jura bernois.
Il faut la mauvaise foi séparatiste pour faire croire à un désengagement du canton Berne à Moutier et à des emplois «garantis» par le Jura. Affabulation et vile propagande! Notre vision de l’avenir ne se borne d’ailleurs pas à la quête d’activités administratives cantonales. Nous comptons aussi sur nous-mêmes pour redonner à notre ville dynamisme, harmonie, développement et prospérité. C’est ainsi, d’abord, qu’elle attirera entreprises, compétences, jeunesse et contribuables. Une telle politique rendra superflue la présence d’un ORP chez nous! C’est ainsi seulement que renaîtront paix et foi en l’avenir.
Jean-Guy Berberat
28 novembre 2020