Moutier d’abord !

Ce sombre 28 mars 2021, moins de la moitié (47.7%) des électeurs inscrits de Moutier a suffi pour arracher la ville à des siècles d’histoire commune avec la Prévôté et le Jura bernois. Il y a lieu d’être frustré et inquiet pour un futur qui, contrairement aux annonces délirantes du maire actuel, promet d’être tout sauf «étincelant». Il y a lieu, aussi, de ressentir une profonde injustice. Car si le processus ayant conduit à cette situation est conforme à la lettre du droit existant, il est illégitime. Il viole l’esprit de la démocratie. Il privilégie l’imposture. Il viole l’intégrité de notre maison historique, naturelle et culturelle. Il fait virtuellement de Moutier une enclave isolée dans le milieu dont elle est la matrice et le noyau.

Le résultat de ce processus mortifère est d’autant moins légitime que l’évolution de la population, depuis le précédent vote annulé pour «irrégularités» multiples imputables aux annexionnistes, apparait comme manifestement erratique. La provenance de centaines de nouveaux habitants appelés à se prononcer, au même titre que nous, Prévôtois, sur le destin de notre cité, rend cette importante immigration récente plus que suspecte. Le fait que certains séparatistes se sont vantés d’avoir connu bien à l’avance le résultat conforte nos doutes. Nous exposerons notre position et nos réactions quant à ce problème. Pouvoir «tricher légalement» n’est pas admissible, en Suisse moins encore qu’ailleurs. C’est pourtant ce qui s‘est produit le 28 mars, aboutissement d’un long processus de colonisation et d’entrisme, achevé par l’apport bien «opportun» de nouveaux électeurs de circonstance.

La suite? Il n’est évidemment pas question pour nous de se compromettre en collaborant d’une manière ou d’une autre à l’œuvre de démolition qu’ont engagée les séparatistes jurassiens, il y a des décennies. D’ailleurs, comme nous l’avons prédit, aucune des déclarations, officielles ou non, venues de leur bord, n’incite aujourd’hui à une quelconque réconciliation. «Prévôtois toujours», «Main tendue», «Construire ensemble», «Tous gagnants» n’ont jamais été que des slogans hypocrites, périmés dès l’annexion votée. A présent, ils en appellent à la «coopération des perdants», c.-à-d. à notre totale soumission. Pas question! Nous ne les aiderons pas à refermer sur Moutier la tombe qu’ils creusent pour elle depuis quarante ans!

Pour nous, déception et frustration ne signifient pas résignation et abandon. Les séparatistes ont ranimé leur combat après chaque vote défavorable pour eux. Notre résistance au séparatisme est donc tout-à-fait légitime. Pour nous, c’est encore et toujours «Moutier d’abord». Les intérêts de la ville et de sa population sont plus menacés que jamais, et ce ne sont pas les autorités communales actuelles – inconditionnellement annexionnistes, otages du MAJ et inféodées au canton d’annexion – qui les défendront. Elles ne s’en sont jamais souciées. Par réflexe pavlovien, elles cautionneront tout ce que voudront imposer à notre cité les autorités delémontaines. Or, pour celles-ci, Moutier n’est qu’une proie devenue trophée, une prise de luxe censée relancer le canton le plus pauvre et le plus dépendant. Les dernières mises au point de l’officialité jurassienne, mutique jusqu’au lendemain du vote, ne laissent planer ni doute ni illusion.

Le canton du Jura a eu quarante ans pour faire ses preuves. On connait le résultat. Les Prévôtois lucides n’attendent rien de Delémont, alors que les Jurassiens hypnotisés par des décennies de catéchisme et d’illusionnisme comptent se servir de Moutier à leur seul profit. Notre association n’entend pas laisser faire. Elle restera tournée vers la Prévôté et le Jura bernois, non vers Delémont. Elle défendra la ville et ses citoyens, leurs droits et leurs intérêts. Elle n’accepte pas l’injustice qui leur est faite. Elle ne reconnait aucune légitimité à une annexion au canton voisin. Elle veut démontrer et dénoncer les manœuvres qui ont conduit au résultat du 28 mars. Elle entend être une force d’opposition, de résistance et de résilience agissant avec les moyens qu’offrent la libre expression, la démocratie directe et la justice. Elle ne laissera pas les clés de la cité aux mains de ses prédateurs de l’intérieur et de l’extérieur.

Moutier-Résiste

17 juillet 2021