Décision du Tribunal administratif

Il y a ceux qui enterrent la démocratie et ceux qui la défendent

Fiasco de Moutier: la riposte de l’UDC Jura bernois

  • Le Temps
  • 10 Sep 2019
  • PATRICK TOBLER PRÉSIDENT DE L’UDC JURA BERNOIS MANFRED BÜHLER SECRÉTAIRE DE L’UDC JURA BERNOIS

Le texte de Boris Oriet sur le (prétendu) rôle de l’UDC Jura bernois dans l’annulation du vote de Moutier du 18 juin 2017 [lire LT du 03.09.2019] est un cas d’école de la capacité de certains militants et leaders séparatistes jurassiens de déformer et travestir la réalité. Diffamer Berne et rabaisser ses partisans est bien commode en passant des faits essentiels sous silence afin de cacher la m… au chat. Avec un ton complotiste qui frise le ridicule, ce texte prouve que cette posture séparatiste a perdu toute crédibilité, ce que même Le Temps a compris. Examinons quelques «arguments». Premièrement, le oui au Jura de Moutier serait naturel car la ville élit des autorités autonomistes. Or, les communes de Saint-Imier ou de Court ont eu ou ont des exécutifs à majorité séparatiste et ont néanmoins voté non au Jura le 24 novembre 2013 (Saint-Imier 75% et Court 64%). Il n’y a donc pas de corrélation entre composition des autorités et tendance séparatiste.

Deuxièmement, Boris Oriet réussit l’exploit de reprocher à la préfecture de ne pas être intervenue avant le vote pour faire corriger les interventions illicites de l’exécutif prévôtois. En tant qu’autorité de recours, il aurait été fatal que la préfecture intervienne puisqu’elle aurait immédiatement été accusée de prendre parti alors qu’elle était appelée à juger. Il appartient à l’autorité qui commet une erreur de la corriger pendant la campagne (le canton de Berne l’a fait!), et surtout pas à l’autorité de recours.

Troisièmement, l’auteur reproche aux recourants de ne pas avoir demandé la radiation des domiciliés fictifs et d’avoir attendu pour déposer un recours. Quelle muflerie, sachant que deux élus antiséparatistes n’ont pu consulter le registre sous surveillance que quatre jours avant le 18 juin, après l’échéance du délai pour les radiations, et après que la commune a tenté de refuser la consultation! Il était impossible d’agir autrement que par un recours.

Quatrièmement, Boris Oriet se plaint que la Délégation aux affaires jurassiennes du Conseil exécutif bernois (DAJ) aurait «imposé» le vote par correspondance alors que la commune voulait le supprimer. Une authentique fake news. Le vote par correspondance ne pouvait pas être «imposé», il découle de la loi sur les droits politiques. Il aurait fallu prévoir sa suppression par le Grand Conseil dans la loi spéciale encadrant le vote, mais cela n’a pas été fait. La DAJ ne pouvait donc pas outrepasser le cadre légal. Boris Oriet ose néanmoins reprocher au canton de Berne de respecter la loi, avec un soi-disant complot UDC.

Finalement, l’essentiel ne réside pas dans les arguments (fallacieux) de Boris Oriet, mais dans ce qu’il tait. Très opportunément, il ne cite pas certaines raisons graves qui ont jeté un soupçon fatal sur les conditions du vote. Tout particulièrement le fait que la majorité séparatiste des autorités de Moutier a refusé jusqu’au samedi matin du vote à 8h (le bureau de vote était ouvert le vendredi!) de transmettre une liste nominative correcte des ayants droit au vote à la Chancellerie d’Etat bernoise et aux observateurs fédéraux.

Boris Oriet se permet tout de même de reprocher aux observateurs fédéraux d’avoir été «myopes» alors qu’ils ne disposaient pas des données de base pour remplir une partie de leur mandat. Mais il est probable qu’il fallait dissimuler aussi longtemps que possible le fait que le fils du président séparatiste du bureau de vote avait déposé ses papiers chez son papa quelques mois avant le vote, alors qu’il vit notoirement hors du canton de Berne depuis longtemps.

Le texte de Boris Oriet ne résiste pas à l’analyse et n’est destiné qu’à diffamer l’UDC Jura bernois, le canton de Berne et les recourants pour cacher l’indigence, l’amateurisme et l’échec des autorités séparatistes de Moutier à réaliser le rêve de rattachement au Jura. Les séparatistes sont seuls responsables de leur fiasco et cela est acté par un tribunal indépendant dans un canton qui respecte la séparation des pouvoirs et l’Etat de droit. Ni plus, ni moins.

Les séparatistes sont seuls responsables de leur fiasco

COMMUNIQUÉ DE MOUTIER-RÉSISTE

Moutier-Résiste prend acte sans surprise mais avec satisfaction de la décision du Tribunal administratif du Canton de Berne quant aux recours contre le vote communaliste du 18 juin 2017. Son annulation par la Préfecture du Jura bernois est ainsi confirmée. Les insultes et les calomnies déversées sur la préfète par tous les milieux partisans de l’annexion de Moutier au canton du Jura sont donc renvoyées à leurs auteurs. Le renfort de militants venus du Jura est resté sans effet, au contraire des recours que des citoyens conscients ont déposés légitimement contre des comportements et des actes violant la lettre et l’esprit de la démocratie. Nous exprimons notre reconnaissance et nos félicitations à ces lucides et courageux recourants. Le sort de notre cité et de la région dont elle est le centre, ne peut pas être décidé à coup de manipulations, d’abus et de tricheries. Dans l’éventualité d’un second vote, nous exigerions que les règles du jeu soient suffisamment claires, strictes et leur respect garanti, pour que son issue n’ait pas à être contestée. Nous voulons en premier lieu que la municipalité de Moutier soit exclue de l’organisation et de la surveillance d’un nouveau scrutin. Nous exigeons que pour les négociations qui le précéderaient, dans la mesure où la commune de Moutier serait partie prenante, la représentation de celle-ci soit répartie à parts égales entre opposants et partisans d’une annexion au canton du Jura. Nous demandons aussi que les représentants antiséparatistes ne soient pas désignés par les autorités en place. Dans le cas où nos doléances ne seraient pas prises en compte, nous nous sentirions en droit de faire appel à la justice.

Moutier-Résiste

Au nom du comité : P.Roethlisberger, président

29 août 2019