Déni et méthode Coué
DÉNI ET MÉTHODE COUÉ
Les partis de l’Entente jurassienne paniquent au point de se compromettre. En qualifiant de « vengeance antiséparatiste » le référendum contre le budget 2018, ils font eux-mêmes de ce budget un instrument de lutte dans la Question jurassienne. Dit plus brutalement, ils défendent un budget suicidaire uniquement parce qu’il est d’émanation séparatiste !
Leurs pseudo-arguments sont pires que de l’enfumage. Ils expriment la même irresponsabilité et la même incompétence que ceux qui les représentent dans les autorités communales et qui font la pluie et le mauvais temps dans notre ville.
Ils commencent par légitimer le budget du fait qu’il a passé le filtre de la commission des finances et le vote du Conseil de ville, c.-à-d. qu’il a été approuvé par leur propre majorité. Belle démonstration !
Les référendaires, à entendre les caciques de la majorité actuelle, cherchent à « décrédibiliser le conseil municipal » et le maire. Affirmation absurde, ceux-ci s’en chargeant très bien eux-mêmes.
Ils jettent ensuite l’anathème sur ceux qui s’opposent au budget, tout en prêchant pour une vision « au-delà des oppositions et des divisions anciennes ». En clair, ils attendent une adhésion inconditionnelle à leurs positions. Pour le confirmer, ils refusent explicitement tout débat avec les partis de l’opposition.
Les partis de la majorité admettent bien un climat délétère dans notre ville, mais l’attribuent exclusivement à ce que de nombreux Prévôtois osent ne pas partager leurs vues et leurs valeurs. Mauvaise foi ou aveuglement ? Dans tous les cas, déni et méthode Coué.
Ils annoncent bien sûr un cataclysme pour la population, toutes catégories confondues, en cas de rejet du budget, comme si les économies ne pouvaient porter que sur les familles, les sociétés et les jeunes. Comme si certains investissements ne pouvaient être ni réévalués ni différés. Comme si l’efficience des services municipaux ne pouvait pas être améliorée comme dans bien d’autres villes.
« Une austérité ne se justifie pas à l’heure actuelle », clament-ils à l’unisson. D’abord, maîtrise financière ne veut pas dire « austérité ». Ensuite, elle ne se justifiait apparemment pas non plus en 2012, ni en 2013, ni en 2014, ni en 2015, ni en 2016, ni en 2017. Alors quand ? Un économiste improvisé, qui a sans doute lu Keynes en bande dessinée, affirme doctement qu’ « un budget équilibré est une erreur économique ». Il confond politique de relance et accumulation de déficits. Et comme la ville de Moutier ne peut pas émettre de monnaie…
Un autre « Nobel » de l’économie (décidemment quelle richesse en compétences dans leurs rangs) impute à des facteurs extérieurs la situation financière de la ville. Le canton reporte certaines charges sur les communes, constate-t-il. Vrai. Mais il omet de dire que Moutier bénéficie d’allégements extérieurs pour plus d’un million. Encore un argument fallacieux, donc. Le même économiste distingué que rien n’arrête, prolonge ce qu’il semble prendre pour un raisonnement : il faut « lisser les résultats ». Il y a là matière à thèse de doctorat : comment lisser des déficits répétés des années durant ? En entendant de telles âneries de la part des têtes « pensantes » de la majorité actuelle, on comprend mieux l’état des finances de la ville…
Les partis de l’Entente « refusent d’agir dans l’urgence ». En effet ! Depuis des années, le même scénario se répète : mêmes lourds déficits à la clé, même constat, même inertie, même laxisme. Les réserves s’épuisent année après année sous le poids du conservatisme, du déni et de l’impéritie. Qu’importe : il reste assez de feu pour entretenir encore un peu sa petite cuisine. Tant pis pour les dommages collatéraux.
Quant à cette plaie purulente qu’est la situation de la CPJU, ce ne serait selon ce quarteron de génies qu’une « instrumentalisation ». Evidemment, ils en sont comptables et ils ne peuvent nier à ce point la réalité ! Alors, on se « justifie » en disant que d’autres villes ont aussi ce problème. Belle excuse ! D’autant plus belle qu’il n’y a pas d’autre exemple en Suisse où une Caisse de pension coûte autant par contribuable pour se recapitaliser. Et il est patent que c’est loin d’être fini !
Toujours à l’unisson, bien sûr, l’Entente termine son réquisitoire anti-référendaires par un hymne à l’ « avenir étincelant » que promet le maire à la ville. Dynamisme, vitalité, croissance démographique, développement économique, tout cela fera oublier les déficits. Que ces irresponsables s’extasient devant leurs propres fantasmes en carton-pâte, c’est une chose. Qu’ils provoquent à cause de cela la ruine d’une ville de 7'500 habitants, c’en est une autre.
Pour s’en protéger et pour éviter un sombre avenir inévitable sans une correction marquée de la tendance mortifère actuelle, commençons par refuser le budget présenté afin de le remodeler dans le sens de la raison. Donc, votons résolument NON le 4 mars.
Comité référendaire, Moutier
1 mars 2018