QUAND LE LOUP SE DEGUISE EN MERE-GRAND
Serge Reggiani a chanté «Les loups sont entrés dans Paris». Les Prévôtois, eux, déchantent quand les loups occupent leur ville. L’occupation s’est d’abord faite peu à peu, sournoisement, à pas de loup.
L’occupation s’est d’abord faite peu à peu, sournoisement, à pas de loup. Pas tout de suite de meute ultramontaine. On s’infiltre, on intègre, on phagocyte. Ceux qui étaient depuis longtemps dévoués aux sociétés locales, les membres d’institutions, les adhérents aux partis, ont tous ou presque été minorisés, marginalisés, remplacés. L’enseignement et l’administration ont notamment été ciblés.
Après ce travail de sape, les usurpateurs se sont posés en sauveurs de Moutier. Ils se sont même autoproclamés «libérateurs» d’une cité libre. Libre et unie avant qu’ils n’y entrent! Les nouveaux maîtres substituent à une vraie pratique démocratique une doxa totalitaire et un militantisme fanatique. On ne gère plus la ville, on l’emmène vers l’aventure à force d’arbitraire, d’entrisme, de copinage, de népotisme, de clientélisme et d’esprit de clan. On se soucie comme d’une guigne des intérêts de Moutier. Rien n’importe plus que l’arracher à son milieu historique, culturel, social, identitaire et naturel. L’infiltration est devenue invasion, l’invasion occupation, l’occupation colonisation. La suite voulue ? L’assimilation forcée à un «peuple» fantasmé, en commençant par l’instauration d’un cercle électoral unique pour le Jura.
Pour parvenir à leur fin, les annexionnistes jurassiens ont recouru aux procédés les plus déloyaux : abus des principes démocratiques, contournement des lois, intimidation, tricheries avérées et interventions répétées de ministres jurassiens. Les loups ont formellement atteint leur but : Moutier devient un appentis adossé à Delémont, une annexe enclavée dans son propre milieu. En l’occupant, le loup séparatiste l’a fatalement dévorée : Moutier était sa proie.
Victoire des prédateurs, donc ? Formellement peut-être, mais alors victoire à la Pyrrhus! D’après le Petit Larousse, le verbe séparer signifie dans sa première acception «Mettre à part, éloigner l’une de l’autre les choses, les personnes qui étaient ensemble». Confrontés à la réalité du fossé qu’ils ont creusé à l’intérieur de la ville et des barrières qu’ils ont érigées autour, les séparatistes tentent à présent de changer de discours et de grimer leur visage.
Ils se veulent soudainement rassembleurs! Pour rassembler qui autour de quoi et pourquoi ? Qui ? Ceux qu’ils combattent, condamnent, ostracisent, méprisent depuis des décennies. Autour d’une bannière et d’une idéologie étrangères à notre histoire, à notre réalité, à notre mentalité et à nos intérêts propres. Pourquoi ? Ils attendent que nous les aidions à refermer sur la ville la tombe qu’ils ont eux-mêmes creusée.
Ils n’ont apparemment pas compris qu’en quittant le canton de Berne, ils se séparaient en même temps de la région dont Moutier était la commune-centre. Ils tentent aujourd’hui de sauver des meubles qui ne leur appartiennent plus. Pour ce faire, ils poursuivent sous d’autres formes la lutte séparatiste, leur seule raison d’être. Selon eux, point de salut hors de Moutier pour les communes voisines! Affirmation infondée d’autant plus cynique qu’elle est lancée par ceux qui, des années durant, ont fait des pieds et des mains pour s’opposer à une fusion, sachant qu’ils n’obtiendraient jamais une majorité pour une annexion au Jura! Ils savent qu’ils doivent avancer masqués. Le loup s’attife donc en grand-mère raisonnable et rassurante. Pourquoi abandonner ce qui marchait si bien, questionne-t-il ? C’est pourtant ce que les séparatistes ont fait : quitter un canton où tout marchait bien. En fait, ils incitent ceux qui veulent rester jurassiens bernois à dépendre malgré eux du pouvoir séparo-jurassien. Donc à renoncer à ce qui, justement, marche si bien! Cynisme, encore, incohérence grossière, stupide inconséquence, bref, le séparatisme à l’état brut. Ils poussent le cynisme jusqu’à instrumentaliser l’école en manipulant des mères de famille.
Puisque l’agression séparatiste continue, la résistance aussi! Les séparatistes prétendent vouloir faire de Moutier un pont entre les cantons de Berne et du Jura. Preuve que leur survie dépend toujours de Berne. Mais Berne ne leur doit rien et ne veut plus d’une tête de pont séparatiste! Les communes concernées non plus. Elles sauront faire front. Tandis qu’à Moutier, nous n’avons pas capitulé !
Moutier-Résiste, novembre 2022
28 novembre 2022